Albanais en Italie : À la recherche de solutions
Le choix du thème de mon mémoire de maîtrise surprit de nombreuses personnes. J’ai commencé à m’intéresser aux Albanais d’Italie quand j’avais seize ans, en 1991, date de la première vague d’immigration albanaise. Je me rappelle encore les photos « choc » de ces bateaux bondés mais j’étais trop jeune et trop ignorante en politique pour comprendre l’exode.
Dix ans après, pendant l’année de maîtrise LEA, nous avons abordé de façon générale le thème de l’immigration en Italie. J’ai donc pensé qu’il serait intéressant de développer un sujet qui m’avait toujours intriguée et pour lequel j’étais prête à entreprendre de sérieuses recherches. Quelles sont les intentions des Albanais qui émigrent en Italie ? Cette immigration est-elle un problème pour l’Italie ? Quelles solutions se présentent à eux pour commencer une autre vie et pour vivre démocratiquement dans un pays qui n’est pas le leur ?
J’ai décidé d’entreprendre mes recherches de façon concrète. Ainsi, je me suis rendue à deux reprises en Italie, à Rome exactement, cœur de décision de toutes lois et de tous projets. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes toujours prêtes à m’aider et à me donner des contacts intéressants pour approfondir et enrichir mes recherches.
Le but de ce mémoire était de donner la documentation la plus riche sur l’immigration albanaise en Italie. D’une façon pratique et théorique, j’ai expliqué l’exode sans fin des Albanais, j’ai dénoncé le manque de préparation d’un pays réputé riche et l’influence négative des mass media. J’ai tenté de présenter une communauté qui est mal connue et j’ai tenu aussi à reconnaître et encourager le dévouement des différentes associations.
Les premiers débarquements de mars 1991 furent à mon sens, une sirène d’alarme que les pouvoirs publics italiens ont peut-être sous-estimée. Après analyse et réflexion, il était prévisible, à cette date, que l’arrivée des réfugiés albanais se serait intensifiée de manière considérable. L’Italie aurait dû se préparer à affronter le problème. Le temps de réaction fut court certes mais les conditions d’accueil déplorables de ces primo-arrivants, assimilables aux boat people restent gravés à tout jamais dans les esprits.
L’absence de décision et la non adoption d’une politique adéquate ont créé un malaise social tant au niveau des émigrés qu’au niveau de la population locale. Cela a induit les immigrés à pratiquer diverses sortes d’activités illégales. Privés de cadre de référence et peu soutenus dans leur démarche, ces immigrés ont cherché à survivre dans un pays qui n’était pas le leur, initiative tout à fait légitime et pourtant dénoncée, décriée et même parfois exagérée par la presse et les médias. Ainsi, tous les Albanais d’Italie devinrent voleurs, trafiquants, brigands, violeurs. Un manque de dialogue ? une incompréhension interculturelle ? Ou tout simplement un manque de moyens ? Il est plus facile de juger que de chercher des solutions. Très vite, les Albanais deviennent le cauchemar d’une Italie dépassée par le flux massif.
En état d’urgence, une politique régulée, avec un nombre précis de personnes à accueillir fixé selon les besoins du pays en terme de main d’oeuvre aurait pu être la solution la plus adaptée pour l’Italie comme pour l’Albanie. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de limiter les arrivées mais d’intégrer à la population locale cette population nouvelle et brimée. De nombreuses associations caritatives accompagnées et soutenues par l’OIM mettent en place des projets d’intégration en organisant des stages linguistiques et culturels pour ces immigrés mais le bénévolat a ses limites et arrive difficilement à satisfaire la demande sans cesse en surplus.
L’Albanie n’est pas encore reconstruite, les exodes, bien que moins massifs et surtout moins médiatisés, sont toujours présents et parfois dans des conditions encore plus dramatiques où la moindre tentative de liberté est synonyme d’exécution ou de noyade.
Comment se résoudra le « cas albanais », il est difficile de le prévoir. L’Italie par sa position géographique et par son engagement depuis 1991 reste le pays le plus impliqué dans une politique de soutien et d’aide à l’égard de l’Albanie et des Albanais.
Il faut tirer leçon de l’expérience albanaise en Italie car l’Europe s’agrandit et s’enrichit de jour en jour, mais elle passe sous silence tous les maux et les difficultés sociales qu’un tel rassemblement engendre. Le problème des réfugiés, c’est-à-dire des personnes poussées par la faim, ou motivées par des choix politiques ou économiques, prêtes à tout sacrifier pour la liberté est un des plus graves problèmes de notre temps.
Il est important et urgent de le prendre en considération car il faut s’attendre, en dépit des restrictions et des interdictions mises en place par les gouvernements, à ce que de nombreuses masses de personnes en provenance des pays de l’Est affluent en quête de liberté, de pain et de travail.