Émigrer à quatorze ans : d'après le témoignage d'Aniello Pavia

Émigrer à quatorze ans : d'après le témoignage d'Aniello Pavia

Au milieu des années 1950, Aniello Pavia, comme de nombreux Italiens originaires du Mezzogiorno, décida de prendre son destin en main et de partir pour la France, véritable terre de promesses. Tant pour rejoindre son « idole » de frère que pour découvrir le monde et connaître de meilleures conditions de vie, ce jeune homme, du haut de ses quatorze ans, prit la décision de partir, et travailla dur pour se faire une place dans un pays où tout semblait possible.

Dans un premier temps nous verrons que le lent développement industriel et économique de l’Italie dans les années 1950 a indirectement stimulé le processus d’émigration, et que Aniello est un témoin de l’histoire italienne du XXe siècle.

Puis nous étudierons en détail les différentes étapes qu’il dut affronter quand il émigra et comment progressivement il s’intégra dans la société française. Nous constaterons que Aniello, comme ses frères qui ont connu le parcours de l’émigration, est désormais un « Italien 100% français ».

Enfin nous verrons que mis à part Aniello et ses deux frères, d’autres membres de la famille ont également « voyagé ». Partir du Mezzogiorno c’était se donner les moyens pour une meilleure vie.

 

I- Le choix d’émigrer

I-1 L’Italie dans les années 50

 

Au milieu des années 1950, l’Italie est un pays sous-développé par de nombreux aspects. L’industrie est en progrès dans certains secteurs seulement et surtout dans les régions du nord. En majeure partie, les Italiens gagnent leur vie dans des secteurs traditionnels comme l’agriculture.

De 1946 à 1957, l’émigration apparaît comme étant la solution aux problèmes que rencontre la population italienne en matière de travail. Trois types d’émigration apparaissent clairement :

– Émigration à l’intérieur même de l’Italie (vers le nord)

Flux majeur. Les villes les plus importantes (Turin, Milan) attiraient un flux constant de travailleurs manuels à la recherche d’emploi, surtout dans le domaine du bâtiment.

– Émigration transocéanique (Amérique, Canada, Australie, Argentine, Venezuela) 

Dans le nombre, on comptait une majorité d’artisans ou petits propriétaires. Beaucoup s’installèrent là-bas définitivement. Il est intéressant de noter que 70% des Italiens émigrés vers ces destinations venaient du sud de l’Italie.

– Émigration vers l’Europe septentrionale (Allemagne, Suisse, France, Belgique)

Dans ce cas, il s’agissait souvent de séjours plus courts – six mois à un an. En 1963, l’Allemagne et la Suisse accueillirent 86% du flux migratoire italien en direction de l’Europe septentrionale.

Le « miracle économique » se fait ressentir en 1955-1963 grâce à la fin du protectionnisme italien (Italie en première ligne pour l’expansion et l’intégration de l’Europe), au développement de l’industrie et à la main d’œuvre peu chère qui permet à l’Italie de rester compétitive. La demande interne croissante et le Marché Commun stimulent la croissance. Cependant des déséquilibres se créent au niveau des priorités liées à la consommation, au niveau de l’économie et surtout entre le nord et le sud. Ce qui explique que l’émigration continue (surtout en ce qui concerne la population méridionale.)

 

I-2 Un jeune Italien parmi tant d’autres…

 

C’est à cette période que Aniello Pavia fit comme de nombreux Italiens de sa région et partit pour la France à la recherche d’une nouvelle vie.

Aniello Pavia, né le 13 mars 1941 et quatrième d’une famille meliccuccaise (sud de la Calabre) comptant huit enfants, n’était pas destiné à faire de longues études et il en était ainsi pour presque tous les enfants de la famille. En effet, le certificat d’étude en poche, il commença officiellement à travailler sur les chantiers à onze ans aux côtés de son père et de ses frères aînés, contribuant ainsi à rapporter de l’argent dans le foyer.

Deux éléments poussèrent ce jeune homme à quitter son pays. Tout d’abord, Aniello avait une profonde admiration pour son frère aîné Vincenzo, qui en 1953, annonça à la famille qu’il voulait aller « découvrir le monde » et partit pour la France. Aniello se trouva fort dépourvu quand son frère s’en alla, et à partir de ce moment, l’idée de le rejoindre commença à occuper de plus en plus ses pensées. Les quelques lettres échangées entre Vincenzo et la famille ne suffirent pas à Aniello, qui décida finalement en 1955, de quitter son pays et d’aller retrouver son frère installé à Forbach (Nord-est de la France).Image retirée.

 

Il est important de noter que malgré les déséquilibres constatés suite au miracle économique, il y avait du travail dans le mezzogiorno. Aniello se souvient que le travail ne manquait pas dans le domaine du bâtiment à l’époque. Cependant les conditions de travail et les salaires n’avaient rien à voir avec ce que racontait Vincenzo dans ses lettres en provenance de la France, voilà le deuxième élément déclencheur. C’est véritablement la promesse d’une meilleure vie, aux côtés de son frère, qui encouragea Aniello à prendre à son tour la décision.

En 1955, Aniello décida d’entreprendre les démarches pour rejoindre son frère dans le Nord-est de la France. Contrairement à Vincenzo qui était parti en possession d’un contrat de travail (contrat négocié avec un Italien travaillant dans une entreprise de maçonnerie de Forbach et qui était revenu en Italie les mois d’hiver parce que la très basse température de Forbach empêchait tout travail), Aniello partit sans garanties concernant le travail. Mais cela ne lui fit pas peur, il savait que la France avait besoin de main d’œuvre. Vincenzo s’occupa de lui trouver un emploi tandis que Aniello mettait tout à jour pour le grand départ : certificat d’étude, visite médicale, passeport de tourisme. Aniello était mineur (onze ans) et son frère n’avait pas le droit de tutelle sur lui car il était célibataire. Le seul moyen de faire venir Aniello légalement était de le faire passer pour un touriste. Mais dans la tête des deux frères il ne s’agissait pas du tout d’un simple voyage touristique.

C’est par le biais de lettres qu’Aniello et Vincenzo se mirent d’accord sur l’arrivée du petit frère. Vincenzo lui avait trouvé un accompagnateur légal pour voyager de Reggio Calabre à Forbach (un de ses collègues de travail rentré au pays pour les congés d’hiver). Une chance pour Aniello qui, mineur, ne pouvait faire son voyage seul.

Il est important de préciser que lorsque Vincenzo envoyait des nouvelles, très souvent il glissait de l’argent dans l’enveloppe, car son salaire était élevé par rapport aux salaires italiens et la famille en avait bien besoin : le père était malade et la tradition voulait que les parents construisent une maison à chacune des filles qui se marierait (Aniello avait trois sœurs). Vincenzo envoyait par ailleurs un tiers de son salaire, ce qui équivalait à un salaire entier en Italie à l’époque (tout ceci était noté dans un carnet officiel qu’avaient les immigrés qui envoyaient de l’argent dans leur pays). Voir son frère gagner plus d’argent que jamais ne fit qu’appuyer la décision du jeune homme de partir pour la France.

 

II- Voyage vers la France…terre de promesses

II-1 Le voyage en train et l’arrivée à Forbach

 

Le 26 mai 1955 Aniello, du haut de ses quatorze ans, monta dans le train pour le grand périple… De Reggio, il alla à Rome, puis à Milan, Modane, et enfin il arriva à Forbach après deux jours de voyage. Il éprouva une grande joie lors des retrouvailles avec son frère, même s’il était un peu inquiet quant à son avenir dans ce pays « glacial ».

À l’époque, cette région connaissait une activité spectaculaire : les mines de charbon étaient en plein essor et de nombreux immigrants étaient venus pour y travailler. La majeure partie des habitants de Forbach vivait au rythme des mines. Depuis ce jour, le « spectacle » des mines est ancré dans sa mémoire. Aniello découvrit également le tramway, les grandes routes, la neige… beaucoup de nouveautés pour ce jeune homme.

Très souvent les émigrés avaient ce sentiment à leur arrivée dans les villes du nord de l’Italie ou dans les villes étrangères. Tous partis de leurs terres natales peu développées, dans le but de trouver de meilleures conditions de vie (meilleurs salaires, conditions de travail, stabilité), ils étaient très surpris à leur descente du train (le mode de transport le plus emprunté par les migrants même si les voyages étaient longs et éprouvants) d’assister à un tel spectacle : de grandes rues, la circulation, les panneaux publicitaires, les néons, les vêtements… et le froid !

Heureusement ils n’étaient pas seuls au début pour affronter toutes ces nouveautés. En effet, les personnes qui émigraient avaient toujours un contact sur leur lieu de destination. De la famille ou des amis avec lesquels ils avaient correspondu pour mettre au point le voyage. Pour Aniello il s’agissait de son frère aîné Vincenzo.

 

II-2 Le travail

 

Aniello alla s’installer là où vivait son frère, dans une baraque « assez confortable » mise à disposition pour les employés par le patron de l’entreprise. C’était une baraque en bois bien isolée et chauffée au charbon (charbon roi dans cette région) comprenant trois ou quatre dortoirs de cinq ou six lits ainsi qu’une cuisine et une salle de bain. Les toilettes étaient dehors. À cette époque, beaucoup de gens vivaient dans des baraques, ils les aménageaient le plus convenablement possible faute de pouvoir acheter ou louer une vraie maison.

Une fois installé, et après être allé déclarer sa présence au Consulat, Aniello commença à travailler dans l’entreprise de maçonnerie Camous Dietch (noms à consonance allemande très courants étant donné la proximité de la frontière) où travaillait son frère ; bien entendu il n’était pas déclaré puisqu’il n’était officiellement qu’un simple « touriste » et qui plus est mineur sans tuteur légal. Il percevait tout de même un salaire d’apprenti avec lequel il arrivait à subvenir parfaitement à ses besoins. Ce n’est que neuf mois après son arrivée, que Aniello obtint son permis de travail (Vincenzo le lui avait obtenu grâce à des connaissances et à de petits pots de vin).

Dans l’entreprise il y avait beaucoup d’immigrés venant de pays différents (Pologne, Afrique du Nord, Italie) mais aussi des Français. 

En ce qui concerne les travailleurs émigrés, voici quelques chiffres et informations permettant d’apprécier quantitativement et qualitativement l’émigration italienne à cette époque : dans le nord de l’Europe (Allemagne plus particulièrement) : sur 800 000 ouvriers étrangers, 297 000 étaient italiens (les autres : espagnols, turcs, grecs) et 37% travaillaient dans le bâtiment. Souvent, ceux-là ne comptaient pas rester à vie à l’étranger et donc ne faisaient pas venir la famille. Ce qui explique que beaucoup partaient avec un passeport de tourisme au lieu de véritables permis de séjour. Ces émigrés travaillaient principalement dans le bâtiment, les mines et les industries.

Il est nécessaire de noter que l’émigration du sud de l’Italie vers le nord de l’Italie (ou triangle économique), était également un flux très important car dans le nord de l’Italie, le marché du travail était assez favorable. Les émigrés méridionaux commençaient rarement par travailler dans les industries, au début ils étaient souvent embauchés dans le secteur du bâtiment (beaucoup trouvèrent du travail grâce aux coopératives de travail.)

Remarquons qu’à cette époque, les émigrés travaillaient aussi dans le secteur du commerce (moins que dans les autres secteurs mais on en trouve) et qu’on trouve de plus en plus de femmes dans les usines. Pour ceux qui n’obtenaient pas de travail l’unique solution se trouvait dans l’illégalité ; ils devenaient petits délinquants ou entraient dans le monde de la prostitution.

 

II-3 La vie en France

 

Aniello était l’un des plus jeunes de l’entreprise et il ne côtoyait que des adultes que ce soit au chantier ou aux cours du soir donnés gratuitement aux immigrés. Il sortait donc avec des adultes au bal, au bistrot (où on l’initia aux plaisirs de la bière, lui qui ne connaissait que le vin), au restaurant les jours de fête, à la messe le dimanche. 

Son frère et lui s’étaient bien intégrés à la vie française et ne restaient pas seulement avec des Italiens (certains Italiens se regroupaient entre eux dans des bars. Aniello se souvient de « clans »). Lui, n’eut pas à faire face à une forme de discrimination violente. Quelquefois on le taquinait sur ses difficultés à parler français ou sur le fait qu’il avait pris le travail de la population locale mais il s’agissait plutôt de plaisanteries selon lui. 

Il est nécessaire de préciser que la France faisait partie des pays qui avaient montré un certain intérêt à recevoir des flux d’immigrés (besoin de main d’œuvre dans les mines, dans le bâtiment) ; cependant, même si le gouvernement se disait ouvert en matière de politique d’immigration, les syndicats et la population locale y étaient assez opposés. Le gouvernement français quant à lui, aurait préféré une immigration temporaire plutôt que permanente[1].

Cependant Aniello ne ressentit pas les choses de façon violente. La véritable épreuve que rencontra le jeune homme fut la langue et ce fut plus un problème personnel. Malgré une grande volonté, l’apprentissage de la langue fut long et laborieux. Au bout de quelques mois il arrivait à comprendre le français mais le parler était beaucoup plus difficile. Les cours du soir ne lui permirent pas de franchir le pas. Cette impossibilité de s’exprimer fit beaucoup de mal à ce jeune homme qu’on ne comprenait pas toujours et qu’on ne prenait pas au sérieux quand par exemple il allait faire les courses ou quand il voulait faire de nouvelles connaissances. Son apprentissage de la langue fut en partie long à cause du grand nombre d’Italiens dans son entourage.

 

II-4 Nouveau départ : destination Nice

 

Mais il allait vite être amené à parler plus souvent le français quand en 1957 son grand frère eut envie de découvrir un autre pays et partit au Canada. Étant toujours mineur mais disposant d’un permis de travail, Aniello pouvait rester en France à condition qu’il trouve un tuteur. Il partit alors pour Nice où sa sœur Costanza et son mari Domenico Longordo s’étaient installés pour le travail (cultivateurs pour un propriétaire niçois) deux ans auparavant. 

En 1957 il prit le train pour Nice. Arrivé à Nice il dut prendre le bus puis le taxi (cheval avec un cocher) pour rejoindre le pont de la Manda où vivait le couple. Trois ans sans revoir sa sœur, celle-ci fut bien fière de présenter à tous les amis le petit frère fort autonome pour son âge. Au début, Aniello travaillait avec sa sœur, puis il trouva vite du travail dans une entreprise de maçonnerie à Saint Laurent du Var. Dans cette entreprise, il y avait quelques Italiens qui étaient venus pendant et après la seconde guerre mondiale mais on ne parlait pas italien comme à Forbach. Ce fut le déclic pour Aniello qui apprit très vite à parler le français et même le niçois. En ce qui concerne les papiers, ce fut beaucoup plus facile qu’à Forbach car Aniello vivait avec un couple. Il alla se déclarer au Consulat et il obtint très vite tous les papiers nécessaires pour travailler. 

Vivre avec un couple était plus agréable également dans la mesure où Aniello retrouva une vie de famille et certaines choses de son pays (notamment la cuisine traditionnelle de Calabre, la chaleur de la famille).

Aniello s’intégra de mieux en mieux à la vie française. Son frère Vincenzo par contre ne put se faire au climat du Canada et revint un mois après son départ. Il émigra dans le sud de la France, à Saint Paul de Vence, où il avait trouvé du travail grâce à un ami.

 
II-5 Onze ans après le scénario est rejoué…

 

En 1966, Ademo, le frère cadet d’Aniello, suivit le parcours de ses frères malgré les tentatives des parents pour empêcher un nouveau départ. Ainsi se reproduit ce qu’il s’était passé onze ans auparavant pour Aniello et Vincenzo. Cette fois ce fut Aniello qui s’occupa de Ademo. Il le fit embaucher dans l’entreprise pour laquelle il travaillait et le logea avec lui.

 

III «Des Italiens 100% français»

 

Les trois frères vivent toujours en France et ont, comme de nombreux immigrés restés dans leur pays d’accueil, eu une « meilleure vie » que beaucoup de leurs amis et frères et sœurs restés en Italie. En effet, dans beaucoup de domaines, la France offre de meilleures opportunités à ses citoyens, par exemple au niveau de la prise en charge des soins médicaux, des salaires etc.

Même si leur début n’a pas été facile, leur travail a été récompensé.

Tous les trois ont monté leur propre entreprise de maçonnerie avec quelques salariés. Un d’eux (Ademo) a même repris ses études pour obtenir son diplôme de professeur dans un lycée technique où il enseigne la maçonnerie. Les trois frères se sont mariés avec des Françaises (preuve de leur intégration). Ils ont tous fondé une grande famille (de trois à cinq enfants) et leurs enfants ont gravi l’échelle sociale avec succès[2] (études, bonne situation professionnelle)

Ce sont désormais des « Italiens cent pour cent français », leur naturalisation en est la preuve.

Bien sûr ils ne renient pas leurs origines, au contraire c’est avec plaisir que chaque année, à l’occasion des vacances, la famille va passer quelques semaines chez la nonna à Meliccucco. Mais on le sent bien, ils ne pourraient pas refaire le chemin inverse…

 

IV- Les voyages dans le sang…

 

À l’époque – et aujourd’hui parfois encore –, voyager c’était se donner les moyens pour une meilleure vie. Ceci, Vincenzo le comprit très vite et il fut un véritable modèle pour Aniello et Ademo qui suivirent son parcours. Mais d’autres frères et sœurs partirent du village natal :

Costanza, la sœur aînée de Aniello, vint à Vintimille puis en France (plus précisément à Nice) avec son mari pour travailler dans les années 1950. Elle retourna en Italie après avoir vécu à Nice. Quelques mois plus tard, elle émigra en Belgique où elle resta quelques années puis finalement elle repartit en Italie, dans le village de sa famille.

Dans les années 1960, Clotilda (la plus jeune sœur de Aniello) vint à Nice, elle était alors très jeune ; elle vint pour garder les enfants de Costanza lorsque celle-ci travaillait aux champs. Après être rentrée au pays, elle retourna à Nice où elle épousa un parent de la famille de Domenico, le mari de Costanza. Elle vécut à Nice et y décéda d’un cancer, laissant deux enfants et son mari.

Vittorio, le plus jeune des frères, continua ses études et émigra dans le nord de l’Italie (La Spezia) où il devint ingénieur, se maria et eut deux enfants. Il vit toujours là-bas avec sa famille.

Beaucoup de cousins partirent en Amérique, en Argentine et en Australie. Dans ces cas, ils vendaient tout ce qui leur appartenait et n’envisageaient jamais de revenir un jour.

Ordinairement, durant l’été, Aniello part avec toute la famille en Italie, à Meliccucco bien entendu. Cette année, quarante-huit ans après son départ d’Italie, Aniello est retourné à Meliccucco pendant un mois, seulement avec ses deux frères qui ont comme lui émigré en France. Ils ont tous les trois travaillé à la restauration de la maison de la nonna, maison dans laquelle ils ont grandi. Chaque jour, ils avaient la visite des amis ou des voisins qui ont vite appris qu’ils faisaient des travaux chez Rosa Pavia. Ce fut très émouvant pour eux de retravailler ensemble et de plus dans leur maison d’enfance. Cependant, quand les voisins leur demandaient s’ils envisageaient de rentrer définitivement au pays, les trois frères étaient sûrs d’eux, leur vie est en France maintenant.

 

[1] L. Derosa, Lo sviluppo dell’Italia dal dopoguerra a oggi, Laterza, Roma-Bari, 1997.

[2] J.P Dumont, « Un Italien… cent pour cent Français », L’économie italienne sans miracle, les grandes enquêtes économiquesLe Monde, 1980.

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