L'émigration italienne vers la Suède dans les années 1950 et 1960 : analyse basée sur le film Un paradiso senza biliardo de Carlo Barsotti

L'émigration italienne vers la Suède dans les années 1950 et 1960 : analyse basée sur le film Un paradiso senza biliardo de Carlo Barsotti

Sur le nombre total des émigrants italiens du second après-guerre, ceux qui choisirent d’aller en Suède n’étaient certes pas une majorité. Mais pendant deux décennies les Italiens allaient constituer un des groupes les plus importants d’immigrés en Suède. Il s’agissait en majeure partie d’hommes jeunes et célibataires. 

Quelle vie les attendait au bout d’un voyage de plus de 3000 kilomètres ? Quels obstacles devaient-ils affronter afin de s’intégrer dans la société suédoise ? La Suède ressemblait-elle réellement à l’image dépeinte par les industriels pour y attirer les Italiens ? Afin de répondre à ces questions, je me suis essentiellement basée sur le film Un paradiso senza biliardo de Carlo Barsotti, qui met en scène le destin de deux jeunes Italiens émigrés en Suède. 

Après un bref résumé du film, je tenterai d’analyser les diverses difficultés auxquelles devaient faire face ces émigrants italiens, qui, arrivés en Suède, allaient découvrir des conditions climatiques et culturelles, des habitants et un monde de travail très différents. 

 

Résumé du film

L’histoire commence en 1950, dans le village toscan Castellina in Livorna. Les hommes qui ont fait la guerre contre les Allemands se retrouvent sans travail. Ils passent leurs journées dans le bar du village, le « bar sport », à jouer au billard et à lire les lettres de Franco, qui est parti travailler en Suède deux ans auparavant. Là-bas, écrit-il, le salaire d’un ouvrier est trois fois plus élevé qu’en Italie, le logement et l’assistance médicale sont gratuits, on peut tutoyer le patron, et on n’a même pas besoin de faire grève puisque « l’employeur augmente les salaires de sa propre initiative en accord avec le syndicat ». À ce « paradis sur terre » ne manque qu’une seule chose : le billard. 

Encouragé par ces lettres, Giuseppe, un ami de Franco, décide de se rendre lui aussi au « paradis », et part travailler dans la même usine que Franco. Mais au fur et à mesure qu’il découvre la vie en Suède, il se rend compte qu’elle comporte également des aspects moins positifs, que Franco ne mentionnait jamais dans ses lettres. Malgré ses efforts il ne parvient pas à s’y adapter, et tandis que Franco épouse une Suédoise, Giuseppe finit par décider de retourner en Italie. 

 

I- Une nature et une culture profondément différentes

 

Si la différence entre deux pays était liée à la distance qui les sépare, on aurait pu croire que les émigrés Italiens se seraient intégrés plus facilement en Suède qu’en Amérique par exemple. La réalité est tout autre ; il aurait été difficile en effet de trouver un pays plus différent de l’Italie que l’était la Suède de l’époque.

 

I-1 Les conditions géographiques et climatiques

 

Les émigrants italiens venaient en Suède en train. Le paysage qui se déroulait sous leurs yeux n’avait pas grand-chose en commun avec celui auquel ils étaient habitués. La Suède est un pays de grande superficie, son sol représente 4/5 de celui de la France. Mais les Suédois sont peu nombreux, en 1950 ils n’étaient que 7 millions. Il en résulte que de grandes parties du pays sont complètement désertes. Vu la disposition géographique de la Suède, qui est tout étendue en longueur, il fallait parcourir un long chemin avant d’arriver dans les villes qui accueillaient les immigrants, le plus souvent situées dans le centre du pays. 

Avec ses forêts immenses et ses rares habitations, le paysage suédois devait leur paraître plutôt hostile, surtout à ceux qui sont arrivés en hiver. Pendant le dur hiver nordique il n’y a pas de verdure, les seules couleurs de la nature sont le gris, le marron et le blanc de la neige. Enneigé, le paysage peut être pittoresque, mais pendant de longues périodes la nature semble totalement dépourvue de vie. Beaucoup de ceux qui sont arrivés en Suède en hiver croyaient que les arbres étaient morts et que le paysage serait toujours aussi désolant.

Il n’a pas dû être facile de quitter un pays au climat doux et à la nature luxuriante pour se retrouver dans un endroit où les conditions climatiques sont difficiles à supporter même pour ceux qui y sont nés. En Suède l’hiver peut durer plus de neuf mois par an, et la température peut descendre à plus de 30 degrés au-dessous de zéro.

« Toujours du mauvais temps », s’exclame Giuseppe après quelque temps passé en Suède, le pays où l’on « fait des nuages en parlant ». « Mais où se trouve le soleil ici ? », s’interroge-t-il. 

En fait, l’absence de lumière est encore plus insupportable que le froid. Et durant l’hiver le soleil se fait rare. À trois heures de l’après-midi c’est déjà le crépuscule et à quatre heures il fait nuit noire. En été les journées sont d’autant plus longues, mais cela ne compense guère le manque de lumière de l’hiver puisque la belle saison ne dure jamais très longtemps.

 

I-2- Mentalités et modes de vie

 

Ces différences climatiques ont sans aucun doute une grande influence sur les habitants des pays en question. Sur de nombreux points, les mentalités et les coutumes suédoises et italiennes sont aussi opposées que le sont les climats et les paysages. 

En hiver les Suédois préfèrent rester à la maison en famille, et ils ne sortent que pour se rendre au travail. Il paraît donc naturel qu’ils soient plus introvertis que les Italiens. 

Les Suédois sont plutôt discrets ; ils parlent doucement et sans gesticuler. En Suède il faut être ordonné, obéir à ses supérieurs, éviter de s’énerver et de déranger les autres. Aujourd’hui tout ceci s’est un peu atténué, mais dans les années 1950 et au début des années 1960 chaque citoyen respectable se devait de suivre ces règles de conduite. 

Dans cette société tranquille débarquèrent les Italiens, qui se servaient de leurs mains pour s’exprimer, qui parlaient fort et riaient aux éclats dans des lieux publics.

« Les Suédois n’élèvent la voix que lorsqu’ils sont ivres », écrit Franco au début. Giuseppe se demande alors ce que penserait un Suédois s’il venait dans leur bar…

De nombreuses scènes du film illustrent ces différences de mentalité. Il y a par exemple l’épisode dans la cantine de l’usine à l’heure du déjeuner. Les Italiens ont une table pour eux et les Suédois une autre. Alors que les Suédois mangent calmement sans discuter, les Italiens semblent faire la fête. Cependant ils se plaignent de la nourriture : si l’on peut parler d’une culture culinaire suédoise, l’on peut dire que les plats sont conçus avant tout pour être nourrissants. Au déjeuner on ne boit pas de vin mais du lait. Giuseppe se dit que c’est drôle la vie : quand il était petit et adorait le lait, on n’en trouvait même pas au marché noir, et maintenant qu’il est adulte, et qu’il ne l’aime plus, il doit en boire au déjeuner !

Heureusement se trouve parmi les Italiens un homme de la Maremme qui sait cuisiner à l’italienne, et tous les soirs ils font la fête avec des pâtes et du vin italiens, en jouant de la guitare et en chantant des chants traditionnels du pays.

Il y a également la scène où Giuseppe va déjeuner pour la première fois dans un restaurant suédois. Pour commencer, Franco vient le chercher à onze heures, lui expliquant que tout se fait plus tôt en Suède. Les deux repas de la journée se prennent à onze heures et à cinq heures. Ceci aussi est lié aux conditions climatiques : on commence la journée plus tôt pour profiter de chaque heure ensoleillée. 

Cette organisation du temps se trouve pourtant en contradiction avec une autre spécificité de la société suédoise. Arrivés dans le restaurant, Franco et Giuseppe demandent une bouteille de vin avec le repas, mais la serveuse refuse de servir du vin avant midi. En Suède la consommation d’alcool est en effet strictement contrôlée. On ne peut même pas acheter une bouteille de vin dans un supermarché classique ; il existe des boutiques spécialisées pour la vente de boissons alcoolisées. Les restaurateurs n’ont pas le droit de servir d’alcool avant l’heure de midi, et « le règlement est le règlement ». La bouteille qu’avait commandée Franco arrive quand ils ont déjà fini de manger. 

En buvant le vin les deux amis entament une discussion « à l’italienne », et les autres clients du restaurant leur lancent des regards effrayés. Plus d’une fois dans le film on les prend pour des ivrognes ou des fous parce qu’ils parlent fort.

Toutes ces différences ne pouvaient laisser indifférents les Suédois, peu habitués aux étrangers. Voyons maintenant ce qu’a éprouvé la population suédoise face à cette nouvelle immigration. 

 

II- Les réactions des Suédois à l’immigration italienne

 

En Suède l’immigration est un phénomène récent. Avant la seconde guerre mondiale, les seuls étrangers présents sur le sol suédois venaient des autres pays nordiques. Comme les peuples scandinaves se ressemblent, l’intégration se faisait généralement sans heurts.

À partir de 1945 la Suède ouvrit ses portes à l’Europe du sud. L’industrie suédoise envoyait même des représentants en Italie et ailleurs à la recherche d’ouvriers qualifiés. L’immigration augmenta de façon rapide, et même si les immigrants ne faisaient que répondre à l’appel des industriels, certaines parties de la population suédoise ne voyaient pas d’un bon œil ce flux d’étrangers. 

 

II-1- Préjugés et xénophobie

 

Contrairement aux Finlandais et aux Danois, les Italiens ne passaient pas inaperçus avec leurs cheveux noirs et leurs manières exubérantes. Et alors que les différentes langues du nord se ressemblent, les Italiens ne pouvaient, du moins au début, communiquer avec les Suédois pour mieux faire connaissance. Comme souvent dans de telles situations, la différence donna lieu à des préjugés. 

Au début du siècle les premiers Italiens venus en Suède étaient des stucateurs qui fabriquaient des stucs en plâtre. D’où le surnom péjoratif que donnaient les Suédois aux immigrés italiens dans les années 1950 et 1960 : chats de plâtre.

Dans le film Un paradiso senza biliardo, les Italiens qui se rendaient en Suède devaient subir dès leur arrivée une douche désinfectante, ce qui démontre bien l’image qu’avaient les Suédois des Italiens, qui étaient considérés comme sales et malsains. 

« Il faut être propre pour être civilisé », argumente le responsable du groupe d’immigrants. « Essayez de ne pas souiller, tentez de montrer que vous êtes dignes de vivre en Suède », poursuit-il. 

Dans une autre scène les hommes sortent, comme tous les dimanches, devant les baraques qui leur servent de logement ; ils sont observés par une foule de curieux comme s’ils étaient des singes dans un zoo. 

 

II-2- Les hommes et la jalousie

 

Toutefois, les cheveux noirs et les yeux bruns ne déplaisaient pas à tout le monde. Si les hommes suédois se sentaient menacés par la présence des Italiens, c’était dû aussi au succès qu’avaient ces derniers auprès des femmes, et pas seulement parmi les célibataires. 

Dans le film de Carlo Barsotti, les hommes invitent régulièrement des Suédoises à faire la fête avec eux dans les baraques. Le mécontentement des Suédois ne se fait pas attendre. L’un d’entre eux fait appel à la police puisqu’il soupçonne sa femme de se trouver dans les baraques avec les Italiens. Surprise : ils y retrouvent non seulement son épouse mais également celle du commissaire ! 

La plupart des Italiens qui décidaient de rester en Suède le faisaient parce qu’ils avaient trouvé une compagne suédoise. C’est le cas de Franco, qui à l’arrivée de Giuseppe n’habite plus dans la baraque des ouvriers mais dans un appartement avec une Suédoise et sa fille. Giuseppe entame lui aussi une relation avec une femme, sans savoir que celle-ci est déjà mariée. En les prenant au flagrant délit, le mari s’exclame :

« Je savais que je te trouverais au lit avec l’un d’entre eux ! ». 

Ces problèmes liés à l’intégration dans la société suédoise et aux relations avec les Suédois n’étaient donc pas négligeables. Néanmoins ils auraient eu moins d’impact si les patrons avaient tenu parole sur les conditions de travail, qui constituaient l’attrait principal pour les Italiens. Nous verrons que ce n’était pas toujours le cas.

 

III- Avantages promis et désillusions 

 

Pour attirer les travailleurs, les patrons n’ont pas hésité à glorifier la Suède, où la vie était à leurs dires si facile et les avantages bien plus nombreux qu’en Italie. S’ils disaient vrai sur certains points, sur d’autres la réalité ne correspondait guère à leurs beaux discours.

 

III-1- Le logement

 

L’un des privilèges promis par les industriels suédois était celui du logement gratuit. En fait les ouvriers étrangers se retrouvaient dans de simples baraques juxtaposées à leur usine. Ils y vivaient regroupés, à quatre hommes par chambre, avec cuisine et salle de bains communes. 

Ce mode de logement constituait-il vraiment un privilège pour les immigrés ? Aucune vie privée n’était possible dans ces conditions. Et le fait de les regrouper ainsi ne facilitait pas l’intégration des nouveaux venus en Suède. Ils n’avaient pas de voisins suédois, et ne pouvaient pas recevoir de visite sans l’accord de leurs colocataires. 

En outre manquait à ces logements l’intégrité d’un vrai chez-soi. Il y avait constamment sur place un représentant de l’entreprise pour vérifier l’ordre et la propreté. Et lorsque la police les soupçonnait d’accueillir des femmes mariées, elle n’hésitait pas à fouiller chaque chambre. 

Ce logement était effectivement gratuit, mais comme le dit Giuseppe, « dans un camp de concentration on ne paie pas de loyer non plus ».

 

III-2- Les relations avec la hiérarchie

 

Les Italiens qui partaient travailler en Suède avaient tous entendu parler des bonnes relations qui existaient dans les usines suédoises entre les travailleurs et la direction. Ils savaient avant d’arriver qu’on tutoyait même le patron et qu’il y avait des accords constants entre le syndicat et le patron pour les augmentations de salaire. 

En effet les Italiens étaient toujours bien accueillis avec une cérémonie de bienvenue. Mais peu à peu ils découvraient que derrière cette façade harmonieuse se cachait une hiérarchie aussi stricte qu’en Italie. Le fait de tutoyer le patron ne changeait rien : en Suède on ne vouvoie personne, si ce n’est les membres de la famille royale !

Les ouvriers italiens attendaient beaucoup du soutien syndical. Mais il faut savoir que les syndicats sont très différents dans les deux pays. En Suède il existe un système de syndicat unique auquel appartiennent 90% des personnes actives ; c’est le taux le plus élevé au monde. Les représentants syndicaux sont en étroite relation avec les patrons. Ce sont même eux qui s’occupent de la discipline sur le lieu de travail. Giuseppe y voit une méthode cachée pour contrôler les mouvements des travailleurs. Il est communiste et ne veut pas faire partie d’un syndicat sans position politique.

Un jour Giuseppe dit à Franco que si les travailleurs italiens refusaient de travailler, tout le système serait bloqué. Franco lui répond qu’en Suède on ne doit même pas parler de faire grève, que le mot « grève » sonne comme une injure. 

Pour Giuseppe ces attitudes rappellent celles du fascisme, et il pense que les Suédois sont fascistes sans s’en rendre compte. Il est vrai qu’en Suède il existe comme un accord tacite qui veut que chacun doit faire son devoir sans se plaindre.

 

III-3- Le salaire

 

Le majeur attrait de la Suède pour la main d’œuvre italienne fut celle de la différence du niveau de rémunération entre les deux pays. Beaucoup avaient de la famille à nourrir en Italie, comme Giuseppe dont la mère était veuve sans revenu avec deux jeunes enfants à charge. 

Pour les chômeurs, mais aussi pour ceux qui travaillaient dans les usines italiennes, les promesses de salaire des patrons suédois dépassaient de loin ce à quoi ils pouvaient aspirer en Italie. Souvent lors de la signature du contrat ils se contentaient de vérifier la somme avant de signer. 

Pourtant il existe une différence fondamentale lorsqu’on parle de salaire en Suède et en Italie. En Suède on exprime toujours la somme brute qu’on gagne, c’est-à-dire le montant dont on dispose avant la soustraction des impôts ; alors que les Italiens ont l’habitude de parler de leur salaire net.

Les impôts en Suède représentent presque un tiers du salaire. L’assistance médicale n’est pas gratuite, mais financée par les impôts. Pour les Italiens qui recevaient leur premier salaire la somme qu’ils recevaient était souvent une mauvaise surprise par rapport aux chiffres mentionnés dans le contrat.

C’est avant tout pour cette raison que Giuseppe décide de rentrer au pays. Dans ses lettres, Franco lui avait parlé de salaires trois fois plus élevés qu’en Italie, mais c’était sans tenir compte des impôts. S’il ne gagne pas plus d’argent, Giuseppe ne veut pas rester dans un pays auquel il n’arrive pas à s’adapter. Même Franco, qui restera pourtant en Suède, dit à Giuseppe lors de son départ :

« Dis la vérité aux amis, dis-leur de rester au pays. Quand on émigre, on ne devient pas émigré, mais exilé ! »

 

L’intégration dans la société suédoise ne s’est donc pas effectuée sans heurts, et sur de nombreux points la réalité ne fut pas aussi merveilleuse que l’avaient laissé entendre les employeurs de l’industrie. Pourtant la majorité des personnes ainsi venues travailler en Suède allaient y rester à vie. Même s’il y avait des problèmes d’intégration, ils n’étaient pas insurmontables et la vie en Suède comportait également des aspects positifs. 

Toutefois ceux qui y sont restés n’oubliaient jamais la mère patrie. Les dernières minutes du film de Carlo Barsotti montrent Franco, qui même après trente ans en Suède a les larmes aux yeux en lisant les lettres de Giuseppe. Pour garder un lien avec la vie italienne, les émigrants italiens venus en Suède dans les années 1950 et 1960 emmenèrent avec eux des parties de leur culture. Ainsi furent introduits en Suède les pâtes, la pizza, l’huile d’olive etc. Avec les immigrants d’autres pays, les Italiens allaient donner au royaume aux trois couronnes une ouverture sur le monde.

À partir de 1967 et le début d’un ralentissement de l’économie, le gouvernement suédois a de nouveau instauré des mesures de contrôle pour réduire l’immigration. Depuis les années 1970 l’émigration italienne vers la Suède a été minime. Mais il existe encore une communauté italienne en Suède, constituée de ceux qui y sont restés, leurs enfants et petits-enfants. Ces derniers sont complètement intégrés dans la société suédoise et aujourd’hui les deux pays appartiennent à la même communauté : celle de l’Union Européenne.

 

Annexe statistique : Immigrés italiens en Suède 1955 et 1965

 

Enfants

(-15 ans)

Célibataires (+15 ans)

Mariés

Veufs/

divorcés

Total

 

M

F

M

F

M

F

M

F

M

F

 

1955

28

49

279

77

195

135

2

11

504

272

 

1965

154

128

792

97

388

311

8

27

1342

583

 

Année de recueillement du témoignage
année de rédaction
Langue de rédaction