Jeux de mots sur la frontière entre Occitans d’”Italie” et de “France"

La vallée de l’Ubaye, dans le nord des Alpes dites de Haute-Provence, a sa revue trimestrielle de proximité qui s’appelle Toute la Vallée, tout simplement, car depuis des siècles c’est sous la peu modeste appellation de « Vallée » que l’Ubaye est connue en Provence. C’est tout récemment que dans les sommaires de cette revue les articles réguliers sur les « cousins » du Mexique (destination depuis le milieu du XIXe siècle, localement, d’un fort courant migratoire) ont été complétés par des références à d’autres cousins, ceux d’Italie, entendons, pour l’essentiel, ceux qui sont venus des vallées alpines les plus proches (Stura, Maira, Varaita). C’est ainsi que dans un des numéros de Toute la Vallée, un des héritiers de cette migration évoque la mémoire de sa grand-mère, née en 1871, venue au début du siècle du village de Pontbernard – pardon, Pontebernardo –, haute Val Stura, province de Coni – pardon encore, Cuneo. Cette dame s’appelait Belmondo (oui, comme le fameux acteur ou telle championne de ski « italienne » des années quatre-vingt ; non, ce n’est probablement pas un hasard). Un de ses enfants est devenu célèbre plus tard comme entraîneur de l’équipe française de ski sous le nom d’Honoré Bonnet. Elle s’était visiblement si bien intégrée à son pays d’accueil qu’elle refusait de parler italien, se faisait appeler Joséphine et avait adopté la dénomination assez péjorative que ses nouveaux compatriotes réservent aux « Italiens » : elle les traitait donc de pianto, variante de piafo, (prononcer piáfou et piántou, avec accent tonique sur la première syllabe) aussi péjoratif que le précédent... Le descendant de Joséphine Belmondo, porteur lui-même d’un nom italien, ne lui en tient apparemment pas rigueur et célèbre sa francité acquise de haute lutte. Tout au plus regrette-il que sa grand-mère ne lui ait jamais parlé italien et se demande-t-il si, quand son frère lui rendait visite, ils se parlaient en italien (il note au demeurant que si lui-même ignore l’italien », les enfants de ce grand-oncle, eux, parlent fort bien français, ce qu’il trouve assez beau). Je me souviens avoir rencontré il y a une trentaine d’années, à Pontbernard, une vieille dame qui s’était présentée d’emblée comme la cousine germaine du fameux Honoré Bonnet (fils de cette madame Bonnet née Belmondo, tante de la vieille dame). Nous aurions pu nous parler en français ou en italien, sans doute, mais c’est en occitan que la conversation s’était déroulée. Elle avait même pris la peine, en mon honneur, d’employer les francismes pèra, mèra, sur, de rigueur côté « français », pour définir ses liens de parenté, au détriment des mots occitans correspondants (paire, maire, sorre), réservés aux animaux...
À aucun moment le descendant de Joséphine Belmondo ne semble imaginer que ses deux aînés ne risquaient certes pas de se parler dans un italien qu’au début du siècle la plupart des « Italiens » ignoraient, en un temps où le roi d’Italie lui-même parlait volontiers piémontais en famille, et que cela explique peut-être le « refus de parler italien » qu’il attribue à sa grand-mère : comment aurait-elle pu parler une langue qu’elle ne connaissait pas ? Il est bien plus probable que c’est en occitan qu’on se parlait dans la famille Bermond de Pontbernard que c’est l’occitan qui avait servi de langued’intégration à la jeune Belmondo à son arrivée en Ubaye. Si forte est l’emprise de la vénération des frontières nationales pour ce Français authentique que l’idée que la frontière franco-italienne puisse
séparer des gens qui parlent la même langue ne lui vient pas à l’esprit : toute une éducation à refaire.
Mais l’indulgence s’impose : car fort peu de gens sont informés de ce fait tout simple, que les
Valéians eux-mêmes ont eu longtemps bien du mal à accepter. Et toute l’histoire des rapports entre les
deux versants est faite d’un mélange subtil de connivence réticente et de distance affichée, au moins
depuis la date fatidique de 1713, qui a vu le « rattachement » musclé de l’Ubaye à la France, au terme
de la guerre de Succession d’Espagne, et au nom des « frontières naturelles » ; pour le même motif, le
même traité, d’ailleurs, détachait les ex-Dauphinois de la haute Varaita de leurs voisins et parents du
Queyras. Vaste sujet, assez négligé par la recherche. On ne peut ici que proposer quelques remarques
sur cette histoire.
Première chose dont il faut bien se pénétrer : les Alpes ne sont pas, en elles-mêmes, une frontière.
Le concept de « frontière naturelle » est une invention de géographes employés par des ministres. Au
bout de chaque vallée, du versant oriental comme du versant occidental, il n’y a pas un mur, mais
un col, lieu de passage par excellence. Et des deux côtés du col, la plupart du temps, les populations
sont liées par la langue (l’occitan dans les Alpes du Sud, le franco-provençal dans celles du nord,
en laissant de côté, plus à l’est, selon les endroits, alémanique walser, dialectes lombards du Tessin
ou bavarois du Haut-Adige). Les deux versants sont aussi liés par des rapports commerciaux, licites
ou non d’ailleurs : il y a encore des gens, qui se souviennent des équipées menant à des rencontres
discrètes sur le col entre « Français » porteurs de sel et « Italiens » porteurs de riz ou de maïs pour la
polenta. Car on mangeait de la polenta (et des lasagnes, et des ravioles, et autres pasta facha a man)
des deux côtés. Et enfin, il y a toujours eu des rapports humains et familiaux, quand un « Italien » (on
dit d’ailleurs plutôt « Piémontais » dans la Vallée) venait travailler côté « français » (dans l’autre sens,
les déplacements se limitaient, dans mon enfance, à un voyage, en car, un mardi, au grand marché de
Cuneo, où les « Français » pouvaient trouver des produits moins chers).
On pourrait faire remonter ces migrations assez haut dans l’histoire. Un seul exemple : en 1231, les
hommes de Bresés/Bersezio (au bas du col de Larche/la Maddalena) se voient accorder une charte de
privilèges par leur seigneur. Le document enregistre les noms des « hommes de Bersezio » : Meyran,
Ollivier, Borel, Girard, Aubert, Lions, Spitalier, Bouvet... tous noms que l’on retrouve aux siècles
suivants, portés par des gens irréprochablement valéians (et qui, soit dit par expérience, apprécient
souvent fort peu qu’on leur raconte cette vieille histoire du XIIIe siècle). Par la suite, les registres de
mariage des hauts pays, côté ouest, signalent l’entrée dans les familles locales de Jolit de la Val Maira
(Giolitti, oui, ce nom-là), Javelly (Giavelli) de la Stura, Richard de haute Varaita... Sans parler, pour le
Queyras protestant, des Vasserot venus du réduit vaudois de Val Pellice, à moins qu’ils n’aient fait le
trajet dans l’autre sens. Mais c’est depuis le XIXe siècle que la documentation permet de mieux cerner
le phénomène.
Il y a d’abord toute une tradition des migrations temporaires, saisonnières en fait. Ces migrations
font d’ailleurs partie de ce qu’on pourrait appeler le mode de production montagnard, que ce soit dans
les Alpes, les Pyrénées, le Massif Central, ou, bien plus loin dans d’autres montagnes, du Valais à l’Atlas.
Pendant une partie de l’année, soit l’été, soit l’hiver, les hommes quittent le pays pour se louer comme
ouvriers agricoles, se livrer au colportage (c’était l’activité des Ubayens avant la Révolution industrielle
pour le textile, les Briançonnais préférant le commerce du livre), à la vente de cheveux (Elva, en Val
Maira), la vente d’anchois, voire la mendicité. Ce qui permettait à la fois de soulager ceux qui restaient
au pays, et disposaient ainsi de réserves alimentaires moins précaires, et d’augmenter le patrimoine
familial par l’apport des bénéfices de l’activité du migrant. Ces migrations pouvaient concerner des
espaces assez vastes. Dans le cas qui nous occupe, la Vallée était à la fois terre de départ et terre
d’accueil : elle recevait en effet au moment des moissons des ouvriers agricoles, des seitres, faucheurs,
venus de Val Maira ou Varaita. Les seitres, se louant en équipes avec leurs faux et leurs faucilles, sont
des adultes. Mais l’Ubaye pouvait aussi recevoir des enfants (au-dessus de dix ans) qui venaient se
louer comme bergers à la belle saison. Les témoignages sont nombreux sur ce point, certains recueillis
dès le livre célèbre de Nuto Revelli, Il mondo dei vinti. Ils montrent une situation particulièrement
dure à vivre pour ces enfants, amenés à garder seuls un troupeau dans la montagne, et les anecdotes
sur l’avarice du patron, en ce qui concerne la nourriture allouée au petit berger ne manquent pas.
Un de ces témoignages, plus récent, est particulièrement intéressant du point de vue des pratiques
linguistiques : le témoin qui se remémore le jour où il a été ainsi loué par un propriétaire sur la place
du marché de Barcelonnette, le jour du mercato dei garsun (en juin) indique que c’est en français que
son futur patron a évalué sa fiabilité : Quell’uomo che te sernisce nel gruppo ti squadra da cima a
fondo come a scoprire se sei di costituzione robusta, ti butta una mano a grinfa sul capo, te lo fa
ruotare un po’ a destra, un po’ a sinistra e ti dice : « ne sareit pa une tete aisè à tourner ?! » Non
sarai mica una testa girevole, balzana ?! Il est infiniment peu probable que dans les années trente,
date à laquelle se rapporte le récit, un paysan de l’Ubaye ait spontanément parlé français à un petit
« Piémontais ». Il est bien plus probable que la langue normale de communication était cet occitan
que l’un et l’autre partageaient, au delà de quelques différences dialectales superficielles. Dans ce cas,
le propos en français rapporté (approximativement) par le témoin constitue soit une reconstruction
de ce dernier (puisque je parle d’un Français, je le fais parler en français) soit, et c’est l’hypothèse que
je privilégie, la manifestation de la distance sociale que le futur patron entend bien faire sentir à cet
immigré venu de l’autre côté de la frontière, quitte à revenir ensuite à la langue d’oc dès qu’on entre
dans le vif du sujet et qu’il convient de se faire bien comprendre.
Ces courants migratoires utilisaient des itinéraires bien balisés, notamment les cols frontières
comme le Sautron, voire des cols plus écartés des grandes voies de circulation, notamment en un
temps où le fascisme combattait ce type d’exode et où il fallait ruser avec les gardes-frontière.
Dernier type de migration temporaire, ponctuelle, l’emploi de manœuvres « italiens » au milieu du
XIXe siècle pour la construction des forts destinés à protéger la frontière française contre une éventuelle
invasion piémontaise. Il est assez savoureux de penser que ces ouvrages, souvent acrobatiques, ont été
en quelque sorte bâtis par leurs victimes potentielles...
À partir d’un certain moment dans le XIXe siècle, le système traditionnel de la migration
temporaire ubayenne s’est effondré, laissant la place à un véritable exode : c’est le temps où les jeunes
de la Vallée partent pour le Mexique (de préférence d’ailleurs avant d’être appelés sous les drapeaux),
pour s’y consacrer au commerce des tissus, dans le prolongement donc de ce qu’ils savaient faire
depuis bien longtemps. Mais seule une fraction de ces milliers de migrants a pu faire fortune et revenir
au pays, pour y construire des villas à l’esthétique plus ou moins discutable. S’en est ensuivie une perte
sèche pour la démographie locale et la désertification de hameaux entiers. C’est à ce moment que de
nouveaux exploitants sont venus s’installer à la place de ceux qui étaient partis. Et, bien entendu, au
XIXe siècle, au temps où c’est encore l’agriculture qui constitue l’activité principale, c’est de migrants
« italiens » qu’il s’agit. Ces Italiens ne sont d’ailleurs pas forcément originaires des vallées voisines : il
y a eu aussi un courant de Bergamasques de la Val Brembana employés comme bûcherons. Mais pour
l’essentiel, ce sont bien les voisins qui arrivent, les Dao, les Isoardi, les Gilli, les Giavelli, les Fossati, les
Chiardola, les Cucchietti, les Raina, les Bruno, les Garino, les Marchisio, les Porrachia..., tous noms
que l’on retrouve dans les nouvelles de décès fournies chaque trimestre par Toute la Vallée, à côté des
Arnaud, des Brès, des Léautaud, des Reynaud, des Cogordan, des Martel et autres descendants des
familles installées là depuis des siècles.
Cette arrivée ne fait pas que des heureux. François Arnaud, le notaire polygraphe de la fin du XIXe
qui a consacré ouvrages et brochures sur à peu près toutes les dimensions de la vie de sa vallée, déplore
cette arrivée d’Italiens qui constituent pour lui une menace potentielle pour la défense de la frontière.
Crainte vaine, en tout état de cause : le seul moment où l’Italie est en guerre avec la France, c’est en
juin quarante : à ce moment-là, que ce soit sur la frontière de l’Ubaye ou celle du Queyras, l’État-
Major italien a si peu confiance dans les alpini locaux qu’il les remplace par des troupes venues de la
péninsule qui se font d’ailleurs massacrer. Et à partir de 1943, partigiani et maquisards se coordonnent
face aux Allemands, chacun allant se réfugier chez l’autre quand la pression de l’occupant se fait trop
forte sur son territoire : où le passage de la frontière se révèle bien utile. La méfiance d’Arnaud était
donc sans objet.
Mais dans l’ensemble, assez vite, l’intégration se fait, par intermariages. Dès les années 1880 un
Goglio de Val Brembana épouse une Matheron d’Uvernet et leur fille épousera un Clariond : deux
patronymes attestés dans la vallée depuis le XIIIe siècle. Et on n’oublie pas cette Belmondo qui épouse
un Bonnet.
Tout est bien qui finit bien, donc, par des mariages ? Oui, mais cela n’empêche pas les sentiments.
Il y a ces mots, piafo, pianto, qui stigmatisent bel et bien une différence maintenue dans les mémoires.
Et il faut, au terme de ce regard historique sur les migrations « piémontaises » dans les Alpes du sud
françaises, essayer de comprendre pourquoi.
La parenté de langue, on le voit bien, n’efface pas la distance. Peut-être d’ailleurs parce qu’elle n’est
pas consciemment perçue et analysée par les acteurs de cette histoire. Après tout, si l’occitan bénéficie
d’une reconnaissance officielle en Italie depuis une loi de 1999, il n’en va pas de même côté français,
où son statut reste très précaire. Le fait que le petit-fils de « Joséphine » Belmondo ne lui imagine
d’autre langue que l’italien montre bien qu’on peut ignorer la réalité linguistique du pays, quand on est
passé par l’école française – une école française qui d’ailleurs, au collège de Barcelonnette depuis des
décennies, soit dit en passant, privilégie comme langue vivante à enseigner aux petits Valéians non
point l’italien de l’État voisin, mais l’espagnol de l’eldorado mexicain... Non, la langue commune, ou
plutôt le patoès des uns, le patuà des autres, ne suffisent pas à effacer le stigmate.
Le triple stigmate, en fait. Il y a d’abord le particularisme de vallée, qu’on oppose indistinctement
à tous les voisins, quelle que soit leur nationalité affichée. Le fait que les cols permettent le passage
n’implique pas que la différence avec ce qu’il y a de l’autre côté soit sans importance. Il traîne toujours
la mémoire de quelque conflit de bornage sur les pâturages de la haute montagne et il y a la conscience
aigüe de la singularité de chaque vallée, comme un tout, transcendant les particularismes secondaires
de village ou de vallon latéral. C’est ce particularisme de vallée qui fait que les gens de Saint-Vincent
les Forts, au débouché de l’Ubaye, ne se considèrent point comme Valéians, bien qu’ils appartiennent
au même arrondissement : ils se souviennent que la frontière d’avant 1713 passait en amont de leur
village et ils connaissent les différences, réduites, mais réelles, entre leur « patois » et celui de la Vallée.
C’est le même particularisme qui permet aux Queyrassins de Saint-Véran d’établir la distance avec les
Varachencs de Chianale, les gazis – les gazis de leur côté ayant leur opinion, on devine laquelle, sur
leurs voisins les bèros. Que se passait-il quand un Veranenc traitait un Chanalenc de gazi, ou l’inverse,
ai-je demandé au brave homme qui m’expliquait la différence entre les deux ? Avion lo cotèl, ils avaient
leur couteau, m’a-t-il répondu en montrant sa poche avec un bon sourire.
Mais le fait national vient se superposer à ces antagonismes traditionnels. Le piafo, dès lors, c’est
d’abord l’étranger, depuis que les Valéians se reconnaissent français, soit à partir de la Révolution
(entre l’annexion brutale de 1713 et 1789 ils semblent bien avoir conservé la nostalgie du temps de
leurs seigneurs de la maison de Savoie). Dotés de leur conscience nationale française toute neuve, les
Ubayens peuvent désormais regarder de haut leurs voisins orientaux.
Et ils les regardent d’une hauteur d’autant plus imposante que ces piafos présentent à leurs yeux
une seconde caractéristique discutable : ils sont pauvres. Il faut croire que l’Ubayen, lui-même trop
pauvre pour ne pas devoir demander un surplus de subsistance à l’exil régulier, a pu éprouver une
amère satisfaction à stigmatiser plus pauvre que lui encore. Et on retrouve ici quelque chose qui existe
aussi, à ce que j’en sais, en Corse, où le Lucchese est à la fois l’Italien étranger et le migrant pauvre
échappant au réseau des familles insulaires.
Et c’est ainsi que l’idéologie nationale et le préjugé social se combinent pour rendre invisible la
parenté pourtant évidente entre les habitants d’une même montagne...
Au fait, piafo, pianto, cela veut dire quoi au juste ? Du point de vue du sens, on l’aura compris,
cela veut dire pauvre bougre d’Italien ayant franchi le Sautron dans deux mètres de neige. Mais les
mots eux-mêmes, dans leur réalité ? Hypothèse : il y a le croisement avec « piémontais ». Et au delà, il
y a peut-être bien la stigmatisation d’une des particularités phonologiques fondamentales de l’occitan
de la plupart des vallées du Piémont (et d’une partie du Queyras), la palatalisation de type italique du
groupe consonne + l : flor, planta, blanc, clau, gleisa (fleur, plante, blanc, clé, église) se réalisant en /
fjur pj’anta, bjank, kj’au, gj’eiza/. Comme souvent, y compris dans l’espace d’une même langue, c’est
la différence linguistique qui sert de support à l’identification du voisin comme Autre. Familier, certes,
mais autre bel et bien quand même.
Une vieille tradition, sans doute. Mais est-on vraiment obligé de la conserver ?
Notice bibliographique
Le témoignage de Jean-Claude Romettino évoquant sa grand-mère a été publié dans le numéro 64 de la
revue Toute la Vallée, octobre 2014 : « Lettre à Giuseppina Belmondo, ma grand-mère maternelle », p. 24-26.
C’est une jeune ethnologue italienne originaire de la Val Stura, Laura Fossati, qui a entrepris une recherche sur
ce thème, en sollicitant les témoignages de ces « Italiens » ou de leurs descendants.
Sur la mémoire des migrations du XIIIe siècle, voir Armando Tallone, Cartario delle valle Stura e Grana,
Pignerol, 1912 et sur les métiers saisonniers, voir Diego Crestani, Anciuiè e caviè d’la Val Mairo, mestieri
dell’emigrazione stagionale alpina, Cuneo, L’Arciere, 1992, d’où est également tirée la citation sur le mercato dei
garsun (p. 17).
L’ouvrage de François Arnaud remonte à la fin du XIXe siècle : Les Barcelonnettes au Mexique, Digne,
Chaspoul, 1891. On trouvera page 71 une référence explicite au danger que représentent les Italiens : « en cas de
guerre, un danger sérieux et certain, qu’un Français ne peut voir grandir avec indifférence ».
Sur les passages de la frontière pendant la Deuxième Guerre mondiale, voir Histoires vécues en Ubaye
(1939-1945), collectif, Barcelonnette, Sabença de la Valèia, 1990. On notera que l’ouvrage est préfacé par Honoré
Bonnet, qui ne fait aucune référence à ses origines piémontaises.
Rappelons les références de l’ouvrage de Nuto Revelli, Il mondo dei vinti, testimonianze di vita contadina,
T. 2 (La montagna) Turin, Einaudi, 1977.
Les relations de parenté, par mariage notamment, et d’autres souvenirs concernant la Vallée et la frontière
sont puisés dans notre mémoire familiale.