Siamo in Italia !

Siamo in Italia !

    Chaque fois que je franchis la frontière qui conduit en Italie, une vague d’émotion m’envahit qui me renvoie aux premiers voyages que j’effectuais lorsque j’étais enfant.
Je me souviens qu’au moment précis où nous franchissions la frontière notre père prononçait cette phrase, somme toute banale et pourtant magique, ce « Sésame, ouvre-toi » qui nous projetait dans l’univers de nos racines : « siamo in Italia ! ».
    Le paysage changeait, les façades des maisons se coloraient d’un camaïeu de tons chauds allant du rose de Ligurie à l’ocre profond de Toscane.
    De nouveaux parfums chatouillaient nos narines, mélanges insolites, odeur du café omniprésent, des bomboloni que nous convoitions et du basilic dont les pots trônaient un peu partout.
Nous écoutions les nouvelles mélodies d’une langue chantante que nous ne comprenions pas, mais dont nous arrivions quelquefois à décoder quelques bribes.
    Mille et une nouvelles formes de pâtes avec leurs sauces insolites nous surprenaient et faisaient nos délices. Nous savourions avec délectation les glaces dont le choix était difficile tant était grande la kyrielle de parfums proposés. 
    Ce retour aux sources nous plongeait dans l’univers du cinéma, celui du petit monde de Don Camillo lorsque nous allions en Vénétie visiter le grand-oncle de notre mère archi-prêtre, notable respecté de San Vito di Leguzzano et celui de Peppone lorsque nous allions en Toscane chez les cousins de notre père, résistants communistes qui entretenaient des polémiques sans fin avec leurs voisins anarchistes.
    Ce « Sésame ouvre-toi » nous transportait dans un monde de culture et de raffinement, des villas du Palladio de Vicence à la sérénissime Venise, des carrières de marbre de Carrare où Michel Ange choisissait avec soin les blocs, à Pise et à Florence que nous découvrions avec émerveillement. 
    Ce retour aux sources n’était pas seulement un retour aux racines familiales mais un retour au berceau de la civilisation occidentale comme se plaisait à le rappeler notre père. Ces racines, bien sûr, nous ne les avions pas choisies, mais nous devions néanmoins les porter en nous et en être fiers.

Année de recueillement du témoignage
année de rédaction
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